Ils en parlent, Jean-Raymond Abrial à Grenoble

Ils en parlent, Jean-Raymond Abrial `a Grenoble
Habrias Henri
Henri.Habrias@univ-nantes.fr

” Le génie de JRA était tel qu’il arrivait à nous persuader que nous en savions
autant que lui. Il nous exposait les problèmes `a r´résoudre, nous en présentait des
solutions et nous en discutions. Le lendemain il nous apportait le squelette de
l’algorithme qu’il avait écrit dans la nuit. Nous le simulions `a la main au tableau
noir afin d’en déterminer les pièges et les erreurs. Et tout le logiciel était ainsi
mis à l’épreuve, par modules indépendants, au fur et à mesure que nous le concevions.”
Témoignage de Georges Vigliano, in Bernard Germain, ”15 ans
et 1 jour”, éditions Glénat, Grenoble, 2006


” `à Jean-Raymond Abrial : a donné à cette équipe un esprit et une méthode.
Il a su nous communiquer son enthousiasme et son dynamisme pour le projet
SOCRATE ” Georges Beaume, thèse, 1970


”Dès son arrivée il [J.-R. Abrial] communique à sa future équipe ses idées
précises sur son mode de fonctionnement en recherche selon ce qu’on appellera
ultérieurement ” gestion de projet ” : - il part du principe qu’on ne doit pas ”
programmer ” sans avoir ”spécifié” ce qu’on veut programmer, et il exclut les
démarches consistant `a programmer pour vérifier par tests qu’une spécification
est correcte. - Ainsi il se fixe un délai de un mois pour réaliser l’écriture d’une
spécification, imaginant qu’elle aura 100 procédures tenant dans un document
de 100 pages. - ensuite 3 mois pour que l’équipe comprenne et s’approprie la
spécification, - et enfin seulement on passera à la programmation. ” François
Peccoud

François Peccoud qui a eu un ”rôle d’initiateur du projet Socrate”, fut enseignant à l’IUT B de Grenoble et Directeur de l’UTC (Université de Technologie de Compiègne)
source : Jean Ricodeau, Le cycle de vie de Socrate, logiciel informatique
de bases de données, de 1963 à 1990 : Parcours professionnels et innovations, à
Grenoble territoire de coopérations Université-Entreprises, Mémoire de Master
1, Sciences humaines et sociales , version 7/06/2016


”J ’ai eu J.-R. Abrial comme professeur en 2nde année de maîtrise à l’ IMAG
et en DEA. J’avais conservé un polycopié de son cours sur les bases de données
et les fondements des systèmes de programmation, cours bénévole au delà des
heures, polycopié manuscrit qu’il avait lui même retiré à la machine à alcool.
Des interventions passionnantes, l’amphi était réellement captivé, les exemples étant ”parlants” bien que reposant sur un substrat théorique rigoureux. En DEAé galement une continuité, plus axée sur la logique formelle, les preuves de programme.
J’ai conservé ces manuscrits, versés maintenant au fonds de l’Aconit.[...]
II
Après quelques années (stage d’étés à l’IRIA Roquencourt et à la TU Berlin,
coopération militaire enseignant au CERI d’Alger, contrats de R&D à l’IMAG
sur des sujets g´énie logiciel, opérating ystems) j’ai quitté la fac. pour rejoindre
l’équipe de développement SOCRATE de SYSECA à Grenoble en 1976. J’ai
contribué au développement de SOCRATE IBM et SOCRATE SOLAR sous
la direction des 3 thésards pilotés par JR ABRIAL (Beaume, Morin, Vigliano)
jusqu’en 1982. [...] `à partir de 1989, je suis revenu dans le monde industriel,
en mettant à profit ces acquis de nouveau au sein de SYSECA avec la mission
de produire un noyau de SGBD CLIO/SQL. En 2 ans avec une quinzaine
d’ingénieurs un SGBD-R multimodèles sous UNIX/PC était disponible. Le produit
nommé ensuite ORCHIS-base ”challengeait” ORACLE V6 à l’époque au
plan industriel. Nous avons même été dans les premiers au monde à acquérir la
suite de validation SQL du NIST.”
Christian Jullien, courriel personnel, novembre 2024, voir aussi
https://www.echosciences-grenoble.fr/articles/recherche-industrie-informatiquegrenoble-
a-t-elle-eu-en-main-les-cles-du-big-data-7-12-2021
Fig. 1. Christian Jullien - cours de structures de donn´ees de JR Abrial
” J’ ai eu Jean-Raymond Abrial comme prof sur les syst`emes d’exploitation
`a l’ENSIMAG durant l’ann´ee 1970-1971. Il ´etait excellent et pr´esentait tr`es simplement
des concepts complexes. Il ´etait tr`es appr´eci´e par les ´el`eves. J’ai ´et´e le
premier `a utiliser SOCRATE pour programmer un gros logiciel de 1972 `a 1975,
celui de ma th`ese de docteur ing´enieur `a l’IMAG. SOCRATE ´etait un outil
III
exceptionnel, tr`es facile `a utiliser avec de nombreuses nouveaut´es. SOCRATE
´etait tr`es fiable. J’avais ´et´e ´emerveill´e par cet outil. L’´equipe qui d´eveloppait
SOCRATE ´etait constitu´ee d’ing´enieurs/chercheurs tr`es comp´etents et tr`es conviviaux
qui travaillaient sous la responsabilit´e de Jean-Raymond Abrial que tous
l’appr´eciaient pour ses comp´etences, ses id´ees g´eniales et sa modestie. J’avais
´et´e ´etonn´e que Jean-Raymond Abrial, polytechnicien qui avait une aura consid
´erable, ne veuille pas pr´esenter sa candidature pour devenir professeur des
universit´es `a l’IMAG, mais cela correspondait `a son esprit anti-conformiste. 1
Ma th`ese de docteur ing´enieur : ”Organisation assist´ee d’un enseignement
modulaire” Pr´esident : J. Kuntzmann, Rapporteur : F. Peccoud, Examinateurs :
J. Bellino, L. Bolliet, C. Delobel, J. Perriault, Universit´e Scientifique et M´edicale
de Grenoble, Institut National Polytechnique de Grenoble (IMAG), 29 novembre
1975. ” Xavier Castallani, janvier 2025
Xavier Castellani a ´et´e professeur au d´epartement informatique `a l’IUT de La
Rochelle puis `a l’IEE du Cnam.
1 Notons que J-R Abrial n’a pas pass´e de th`ese. Il n’est pas le seul ! Tony Hoare, Jean
Ishbia n’ont pas pass´e de th`ese.

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